Commentaire du ROMEL – « On vit dans les sacs » et « Un financement « inadéquat » du Québec force l’arrêt de projets d’hébergement » parus dans La Presse
(6 mars 2024)
Face à l’ampleur de la crise du logement, le ROMEL appelle à une meilleure coordination des efforts.
L’équipe du ROMEL est consternée et attristée par plusieurs nouvelles parues récemment, qui mettent en lumière l’ampleur de la crise du logement au Québec et les obstacles qui limitent notre capacité à la résoudre. Le témoignage de Guylaine Faust paru dans La Presse nous a profondément alarmé : cette locataire sexagénaire a perdu son emploi dans un restaurant de Longueuil au début de la pandémie de COVID-19, ce qui l’a amené éventuellement à perdre son appartement. Faute d’avoir pu trouver un logement avec un loyer qui correspond à sa capacité de payer, Madame Faust est actuellement sans-abri, et ce, malgré qu’elle travaille comme cuisinière dans la cafétéria d’une polyvalente. De plus en plus de personnes âgées peinent à trouver un toit au Québec, avec le parc locatif abordable qui s’effrite d’année en année et le rythme de développement des constructions neuves qui ne répond pas à la demande.
Le cri du coeur lancé par l’Alliance des maisons d’hébergement pour femmes et enfants victimes de violence conjugale, le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale et la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes a aussi vivement interpellé notre équipe : ces associations déplorent des difficultés administratives et des lacunes dans le programme de financement provincial destiné au développement de nouvelles places d’hébergement. Plusieurs centaines de places pourraient effectivement ne jamais voir le jour, à défaut d’un soutien financier adéquat et d’un suivi plus efficace entre les groupes porteurs et les pouvoirs publics.
Face à cette situation, le ROMEL appelle les différents paliers de gouvernement et les bailleurs de fonds à une meilleure coordination des efforts, afin d’accélérer le développement de places d’hébergement et de logements communautaires et abordables à travers la province. Les acteurs communautaires et privés parviennent tous au même constat : nous avons besoin d’un soutien financier plus flexible et d’une communication plus fluide et plus transparente entre les pouvoirs publics et les différents groupes impliqués dans le domaine de l’habitation communautaire et abordable. Les défis associés au développement immobilier et à l’augmentation des coûts de construction nécessitent une synergie plus forte entre tous les acteurs concernés. Sans une telle synergie, plusieurs projets immobiliers communautaires risquent d’être abandonnés, et les sommes investies à ce jour pour permettre leur sortie de terre seront perdues.
Dans une lettre publiée en novembre 2021, plusieurs acteurs-clés du réseau de l’habitation communautaire appelaient le gouvernement provincial à adopter des mesures ambitieuses pour endiguer la crise du logement, en soulignant que cette dernière fragilise la cohésion sociale au Québec. Deux années plus tard, le rythme de construction des logements communautaires est bien loin de répondre à la demande et le parc locatif abordable s’effrite, tant avec la spéculation qu’avec le sous-entretien d’immeubles dont les locataires en viennent à être évacués ou « rénovincés ». Pour éviter que la situation s’aggrave, plusieurs questions devront être répondues instamment, tant par Québec qu’Ottawa : Comment établir un partenariat plus transparent entre les groupes de la société civile et le gouvernement en ce qui a trait au logement ? Quels sont les cibles de développement et les stratégies proposées pour les atteindre ? Ces questions nous semblent d’autant plus pressantes face à un budget provincial qui annonce d’importantes coupures budgétaires, notamment dans le domaine de l’habitation communautaire et abordable.
Le ROMEL va poursuivre ses efforts pour favoriser le développement de places d’hébergement et de logements communautaires et abordables. Notre équipe est convaincue que le logement ne consiste pas simplement en des immeubles : c’est aussi un droit et une assise essentielle pour l’inclusion sociale et l’intégration.
La crise du logement : agir avant qu’il ne soit trop tard
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