Commentaire du ROMEL – La crise du logement : agir avant qu’il ne soit trop tard
(21 décembre 2023)
Les résultats très attendus du deuxième appel à projets du Programme habitation abordable Québec (PHAQ) ont été rendus publics récemment. Ces derniers ont révélé que quatorze projets à travers le Québec, avec seulement deux d’entre eux à Montréal, allaient bénéficier du soutien offert par ce programme au cours des prochains mois. Parmi les nombreux projets de logements abordables déposés par des développeurs communautaires durant cet appel, plusieurs avaient obtenu les autorisations nécessaires et avaient récolté tous les documents requis pour lancer leurs chantiers respectifs.
Face à une crise du logement dénoncée depuis des années et à une difficulté croissante des ménages québécois les plus précaires à se loger, le remède proposé n’est pas à la hauteur du diagnostic, puisqu’il permet seulement le développement de quelques centaines de logements tandis que des milliers d’autres n’attendent qu’un appui financier pour être construits. Ne pas agir maintenant ne fera qu’aggraver la situation, en occasionnant des retards et des frais supplémentaires pour l’ensemble des partenaires engagés dans la sortie de terre de logements abordables et communautaires. Des offres d’achats vont tomber à échéance et des changements réglementaires vont rendre caducs les plans élaborés pour des projets qui étaient prêts à être développés. Les terrains risquent alors d’être revendus et utilisés pour des projets qui ne seront pas nécessairement abordables, tandis que les démarches et les coûts associés au démarrage des différents projets concernés finiront en pure perte.
Le développement d’un plus grand nombre de logements abordables nécessite un soutien financier plus important et une communication plus transparente entre les pouvoirs publics et les différents groupes impliqués dans le domaine de l’habitation communautaire. Tous les programmes afférents, notamment ceux gérés par les Caisses Desjardins et le Fonds immobilier de solidarité FTQ, attendent une confirmation des paliers provincial ou fédéral pour compléter les montages financiers avec leurs propres fonds. Les villes et les municipalités sont aussi appelées à contribuer, et ce, malgré les enjeux importants de financement auxquelles elles font face. Les développeurs communautaires sont ainsi laissés, bien trop souvent, dans un flou qui les empêche de mener à terme des projets nécessaires pour affronter la crise du logement. Toutes ces difficultés mettent en lumière l’importance d’un programme autoporteur avec des critères de sélection clairs, qui accepterait les propositions sur une base continue.
Dans une lettre publiée en novembre 2021, plusieurs acteurs-clés du réseau de l’habitation communautaire appelaient le gouvernement provincial à adopter des mesures ambitieuses pour endiguer la crise du logement, en soulignant que cette dernière fragilise la cohésion sociale au Québec. Deux années plus tard, le rythme de construction des logements communautaires est bien loin de répondre à la demande et le parc locatif abordable s’effrite, tant avec la spéculation qu’avec le sous-entretien d’immeubles dont les locataires en viennent à être évacués ou rénovincés. Pour éviter que la situation s’empire, plusieurs questions devront être répondues instamment, tant par Québec qu’Ottawa : où sont les sommes annoncées depuis déjà plusieurs mois pour accélérer le développement de logements abordables et communautaires ? Comment établir un partenariat plus transparent entre les groupes de la société civile et le gouvernement en ce qui a trait au logement ? Quels sont les cibles de développement et les stratégies proposées pour les atteindre, considérant que les moyens employés actuellement ne suffisent pas ?
Devant les différents défis exposés ici, le ROMEL poursuivra sans relâche ses efforts pour favoriser le développement de projets d’habitation communautaire et abordable. Notre équipe est convaincu que le logement ne consiste pas simplement en des immeubles : c’est aussi un droit et une assise essentielle pour l’inclusion sociale et l’intégration.